mercredi 7 avril 2010

Un article de "L'Infirmières magazine"


Suite à la présentation à l'hôpital Bretonneau (Paris 18), la semaine dernière, de notre débat théâtral sur la bientraitance, le magazine "L'infirmières magazine" a publié en ligne l'article suivant (http://www.espaceinfirmier.com/actualites/detail/25570/sur-les-planches-ilsdejouentlamaltraitance.html)


Sur les planches, ils déjouent la maltraitance

Ce patient se plaint de fortes douleurs. Faut-il malgré tout procéder à sa toilette?

Dans «Actes de présence», débat théâtral créé par la compagnie Entrées de jeu, les soignants sont invités à monter sur scène pour changer le cours des soins.

De bon matin, l'infirmière déboule dans la chambre d'un patient, pique sans cérémonie pour réaliser un prélèvement sanguin, puis repart comme elle était venue. Un moment après, à l'heure de la toilette, une aide-soignante essaie en vain, à plusieurs reprises, de mobiliser un malade qui se tord de douleur. Un peu plus tard, le médecin disserte avec « son » interne, en présence d'une patiente (mais sans lui adresser la parole), sur les risques d'erreur liés aux médicaments... Fiction ? Oui et non. Ces scènes font partie d'une pièce de théâtre, mais tout y est puisé dans le quotidien. Présentée le 31 mars à l'hôpital Bretonneau (Paris-XVIIIe), Actes de présence a été créée à l'automne dernier à la demande de l'hôpital Béclère de Clamart (92), dans le cadre d'une formation du personnel de gériatrie. Les vingt « micro-situations » qui composent ce débat théâtral ont été façonnées d'après les témoignages et remarques des soignants, et mises en jeu par cinq comédiens.

Si ceux-ci ne laissent aucun mot au hasard, tout n'est pas écrit d'avance : une fois les scènes exposées, un premier débat a lieu avec la salle, et la pièce est rejouée depuis le début. Lorsqu'un soignant repère une forme de maltraitance, il peut figer le jeu, et monter sur scène pour changer le cours des soins. « Le théâtre permet d'essayer, mais d'essayer sans risque, commente Bernard Grosjean, le metteur en scène. C'est comme un laboratoire: si une situation tourne au vinaigre, bing, on arrête et on discute! »

Soigner aussi les soignants
L'improvisation réserve de belles surprises, car les patients ont une répartie à toute épreuve… et parce qu'il faut parfois soigner d'abord les collègues. Par exemple en rassurant l'infirmière angoissée face au patient, ou en portant franchement la contradiction: « Faut pas leur faire faire seulement ce que vous voulez, sinon faut changer de métier! », sermonne une soignante montée sur scène.

Pas question non plus d'imposer un prêt-à-panser: c'est à la salle de chercher des réponses, et de commenter les situations. Une soignante signale que « la charge de travail fait que l'on arrive à arriver à ce type de comportements ». Un autre assure que « le temps passé auprès du malade, c'est aussi du temps gagné, car au bout du compte, il sera plus coopératif avec l'équipe. »

Au final, l'ensemble s'avère instructif tout autant qu'hilarant – certaines mimiques des acteurs sont irrésistibles ! Précisément l'ambition avancée par Bernard Grosjean, qui observe que « dans l'histoire, la comédie a toujours eu pour but de divertir les gens, mais aussi de corriger les comportements. »

Nicolas Cochard