mercredi 28 mai 2014

ARTICLE SUR LE LIVRE DE BERNARD GROSJEAN

Pratiquer le théâtre-forum, par Michel VOITURIER, Rue du Théâtre 


Ancien disciple de Boal, Grosjean revoit la théorie du maître 

à la lumière de la pratique du théâtre forum.

Pendant plus de quinze ans, Grosjean a mis sa troupe au service d’institutions demandant de l’aide pour résoudre des problèmes relationnels cruciaux. Son objectif : « faire du théâtre-forum un jeu artistique et intellectuel efficace entre artistes et spectateurs et un espace pertinent de réflexion sur la transformation des situations problématiques ». Son livre se veut à la fois compte rendu d’une recherche artistique, énumération des exigences déontologiques, découverte d’un  théâtre interactif.



À ses yeux, le théâtre-forum avec sa modélisation de la réalité "permet de prendre des distances avec des situations complexes, d’expérimenter sans risques des lignes de conduite face à ces situations problématiques, débloquer les paroles sur le sujet abordé et de confronter les points de vue". Il donne et commente des formations à propos de la violence à l’école, du surendettement, des tensions entre chirurgiens et infirmières, de la bientraitance des traumatisés en milieu hospitalier, du désarroi des parents d’adolescents psychiquement malades, de l’autorité parentale sur de jeunes enfants, des relations entre puéricultrices et mères de famille ou entre aidants et malades d’Alzheimer, de la gestion de l’annonce d’un cancer à un patient, de l’accessibilité des femmes à des métiers masculins, de l’apprentissage du bien manger, de la prévention des accidents domestiques, des violences conjugales…



Pour aboutir à des résultats, il lui a fallu prendre quelque distance avec Boal, trop marqué par le contexte historique des dictatures sud-américaines des années 70 et des oppressions qui y étaient associées.  Il lui a fallu abandonner le schéma narratif quinaire aboutissant à grossir les effets en vue de susciter des réactions directes du public.



Une pratique ouverte
La pratique a permis à Grosjean et à sa troupe théâtrale de mettre en lumière une série de mécanismes liés au fonctionnement des institutions ou des groupes. Notamment celui du « jeu sans fin » : situation dans laquelle le désir de changement provoque chez un des partenaires une résistance d’autant plus forte chaque fois que le désir s’exprime, ce qui nécessite d’aborder le problème d’une manière neuve. Du coup, il s’agissait de révéler les contradictions des protagonistes et de leurs interrogations lorsqu’ils affrontent une autorité établie. Et, par conséquent de trouver des écritures qui rejoignent la réflexion de Jean-Pierre Sarrazac selon qui « la complexité des rapports humains et sociaux de notre époque ne se laissera circonscrire au théâtre qu’à l’aide des formes ».



La solution est venue d’un retour à Brecht et à son théâtre épique. D’abord pratiquer la distanciation et ne pas favoriser l’identification, en tous cas, la faire passer du héros vers un témoin familial, professionnel ou amical afin d’éviter le manichéisme. Se baser sur une documentation et une information  solides.  Pratiquer l’adresse au public en évitant le cabotinage ou le retrait derrière le masque de la technique du comédien. Préférer la stylisation au naturalisme.



Et enfin, puisque la plupart du temps, le forum se joue dans des lieux non conçus pour le spectacle,  les rendre quelque peu insolites en y intégrant un dispositif scénique – notamment paravents et portants pour leur souplesse de disposition et de leur utilisation. Dont Grosjean détaille les pratiques en fonction des enjeux des débats, tout comme les divers procédés d’écriture qui en découlent, inventaire particulièrement riche pour qui désirerait s’inspirer de cette expérience.



Le débat qui suit nécessairement la représentation est examiné sous l’angle du spectateur intervenant et des comédiens improvisant, compte tenu des différences qui séparent les groupes volontaires et les publics captifs comme ceux des matinées scolaires, des différences aussi liées aux lieux où cela se passe. Ainsi sont passés en revue les conditions de la réussite, les écueils et les pièges à éviter, les paradoxes à assumer, les expériences à engranger, le rôle spécifique du meneur de jeu.



28 mai 2014 sur le site Rue du théâtre.eu

mercredi 21 mai 2014

PARENTS, ACCEPTEZ-VOUS CETTE MISSION ?

Dans le cadre du XVIIIe Congrès des APEL qui avait lieu le 17 mai au Palais des Congrès de Strasbourg, nous avons créé un débat théâtral sur le sujet à l'ordre du jour  : parents d'élèves, un métier d'avenir. Parents, acceptez-vous cette mission ? abordait la question de l'accompagnement des enfants dans leur  travail scolaire et dans leur rapport à  l'école, à travers l'histoire d'une famille de quatre enfants. 
  • Julie est en primaire, et sa maitresse lui donne parfois des indications de travail qui la déstabilisent, ou des jugements qui la blessent. Ses parents doivent-ils intercéder en sa faveur auprès de l'école ?
  • Théo a de grosses difficultés au collège malgré ses efforts, ses cours particuliers et ses séances d'orthophoniste. Ses parents ne savent plus comment l'aider.
  • Jérémie est au lycée, et il a décidé de "se la couler douce". Il arrive à peine à la moyenne et est satisfait de lui. Comment ses parents peuvent-ils le motiver pour en faire un peu plus que le strict minimum ?
  • Colline, l'aînée, est en terminale. Elle est brillante mais elle se met en permanence la pression. Ses parents craignent qu'elle en fasse trop.
C'est la quatrième fois que l'APEL national faisait appel à Entrées de jeu dans le cadre de son congrès annuel. 

Vous pouvez visionnez la vidéo de présentation de ce débat  : Parents, acceptez-vous cette mission ?


Un mot du commanditaire :
À vous les comédiens d’Entrées de Jeu :
Vous dire Merci, c’est trop peu, je ne vois pas quel mot utiliser… Sinon que je suis comblée par ce que vous avez donné à nos congressistes et eux aussi, ils me l’ont dit.
Avec mon amitié,

Régine FLORIN
Responsable de la Formation de l'Apel nationale


Un mot d'un spectateur
Merci beaucoup, votre intervention a été vraiment excellente, tant dans sa partie "préparée" par la justesse de vos comédiens et par vos choix (autour de la diversité des personnages), que dans la phase d'improvisation pour laquelle vous avez su intégrer notre spontanéité sans jamais perdre le contrôle de votre sujet. Mission impossible? Non, mission magistralement réussie!!!

Pascal Thévenon
Parent d'élèves dans l'Oise (Compiègne)